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Fusion Maison Des Artistes / Agessa : La théorie du genre

La raison est simple : à chaque fois que j’ai écrit, ce fut en réponse à un évènement relatif à cette fusion et plus précisément pour faire suite aux articles divers et variés trouvés sur la toile et souvent erronés.

Dernier en date : http://www.lamaisondesartistes.fr/site/la-maison-des-artistes-menacee-de-disparaitre-par-un-projet-de-reforme-sociale/

A savoir une fabuleuse interview de « notre » ami Remy Aron et de son acolyte Jean Marc Bourgois.

Pourquoi suis-je agacé par ce nouvel article ? Tout simplement parce qu’à nouveau nous assistons à une grande théorie du genre où se mélangent fait réel, information, rumeur et désinformation… Et tout cela sous couvert d’une qualification tronquée, d’une auto-interview et d’une réforme annoncée … Mais laquelle ?

J’ai contacté sur la question Julien Moya, connu par nombre d’entre vous sous le nom de Yamo. Il est, comme moi, très surpris de cette interview qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Je ne résiste pas à publier avec son autorisation, la réponse qu’il m’a faite.

Pour lui, il s’agit d’un « discours d’apocalypse brandi par la rue Berryer pour rendre ses adhérents paranos et étanches à tout changement propre à réduite ses prérogatives«  (en parlant de Remy Aron).

Je partage entièrement cet avis. Je vous en fais la démonstration en mettant en évidence les quelques points présentés par les protagonistes et qui vont souvent à l’inverse de ce qu’ils sont.

Commençons par le « basic » :

  • L’interview est publiée sur le site de « l’Association pour la Maison des Artistes » et non sur le site de « la Maison des Artistes », organisme de recouvrement et de gestion des droits à la Sécurité Sociale des artistes auteurs…. Et pour cause, la fusion est prévue entre l’Agessa et la Maison des Artistes, deux organismes de gestion des droits à la Sécurité Sociale des artistes auteurs. Rien de commun avec la trompeuse association du même nom dont la vocation originelle était orientée dans l’aide sociale auprès des artistes, l’information et le conseil.
  • L’interview ne comporte aucune signature : évidemment puisqu’il ne s’agit pas d’une interview mais d’une auto- interview… Un genre nouveau qui permet de se poser des questions et d’y répondre dans le sens du message que l’on souhaite faire passer.
  • L’interview ne fait suite à aucune nouvelle actualité sur le sujet, aucune information, rien. Je pose la question à mes fidèles lecteurs qui me suivent sur cette fusion : avez-vous comme moi laissé passer une actualité ou M. Remy Aron se contente de ressasser un sujet qui prend la voie de l’endormissement ? Vous remarquerez que cette interview n’évoque aucune actualité nouvelle !

Je rappelle pour mémoire que la fusion entre la Maison des Artistes et l’Agessa a été annoncée en février 2013 et que la dernière information date de février 2014 (il y a 7 mois !).

Sur le fonds de l’article, de nombreux propos sont surprenants. Jugez-en plutôt :

  • « une réelle menace pour le statut d’artistes« . A nouveau, il s’agit d’un mélange des genres. Artistes auteurs il y a, et artistes auteurs il y aura toujours. C’est le régime social géré par deux organismes similaire qui est en cours de fusion. Le statut n’est pas remis en cause. D’ailleurs, la dernière loi Pinel sur le commerce, l’artisanat et les professions libérales vise simplement à simplifier le statut des professions libérales en regroupant le régime micro avec celui de l’auto entrepreneur. Elle n’a pas pour objectif de faire disparaitre ce statut.
  • « les artistes auteurs payent une cotisation sociale d’environ 16 % afin de prétendre à la couverture sociale« . Faites vos comptes Monsieur Aron ! les taux de cotisations sociales des artistes auteurs sont de :

– 1 % (assurance maladie),
– 8 % (csg / crds),
– 0,35 % (formation continue),
– 6,8 % (retraite).

Soit un total de 16,15 %… Oui mais appliqués sur une base taxable majorée de 15 %, soit en réalité un taux de 18,57 %. A cela s’ajoute la retraite complémentaire (versée il est vrai à l’Ircec), actuellement sous forme d’un forfait annuel mais d’un taux en 2015, de 8 %, soit un taux effectif réel de 26,57 %.

  • « ils peuvent adhérer s’ils le souhaitent à l’association » : vrai, vrai, vrai et vrai ! L’association pour la Maison des Artistes n’est pas un organisme social et son adhésion n’apporte rien en matière de couverture sociale… Elle est donc bien facultative.
  • « la MDA excédentaire«  : c’est vrai. Sur ce point, je vous rejoins M. Aron et c’est d’ailleurs une des raisons de la fusion des deux organismes : faire encore des économies sur les frais de structure de deux organismes qui font rigoureusement le même travail. Pour autant, bien que vous évoquiez la disparition pure et simple du « système », cela ne changera pas grand-chose au quotidien, puisque l’organisme de tutelle de la Maison des Artistes et de l’Agessa est l’Urssaf, « l’argent » appartient déjà à la solidarité nationale !
  • « on va être collectivement marginalisé » : c’est bizarre, moi je trouve que réunir deux organismes ayant une direction commune, une informatique commune, une comptabilité et des procédures de gestion commune, permet une belle représentativité nationale ! C’est étrange, pour ne pas dire bizarre une seconde fois, dans votre discours, M. Aron, nous avons le sentiment que « les autres », ceux de l’Agessa, ne sont pas des artistes auteurs. Je vous confirme que les photographes, les écrivains, les scénaristes… Sont également des artistes auteurs. Et si comme vous le prétendez, vous êtes 50.000 à la Maison des Artistes (25 000 affiliés, 25 000 assujettis, pour faire simple), n’oubliez pas que du côté des artistes auteurs relevant de l’Agessa, il y a 216 000 personnes dont seulement 15 000 affiliés !

Mais peut-être, M. Aron, vos craintes ne sont dirigées que par la peur du changement et l’angoisse de voir « la souris se faire manger par l’éléphant » alors qu’il est de notoriété publique qu’une souris n’a jamais fait peur à un éléphant !

  • « téléguidé par une partie de la cause et aussi par certains syndicats« . Là aussi je suis extrêmement étonné. Parmi les revendications des syndicats, je n’ai jamais lu la moindre volonté d’un syndicat professionnel de vouloir diriger la « future Sécurité Sociale des Artistes Auteurs ». Bien au contraire, les syndicats sont plutôt favorables à cette fusion espérant créer ainsi une force représentative. Ils regrettent cependant, à juste titre, comme vous et moi, que le projet n’apporte aucune amélioration du statut de l’artiste auteur, plus particulièrement dans la création de la notion d’accident du travail. En revanche, vous avancez que les syndicats ne regroupent que quelques centaines d’adhérents alors que l’association pour la Maison des Artistes en compte 20 000. Je tiens à vous rappeler que l’Alliance Française des Designer en compte 1 800 et l’Union des Photographes Professionnels (UPP), 1 000…. ils apprécieront ! Sur les 20 000, chiffre impressionnant que vous brandissez, combien sont venus à vos manifestations (200 ?), combien ont signé la pétition contre la fusion de la Maison des Artistes et de l’Agessa (10 000 sur un nombre d’artistes en France relevant de l’un ou l’autre des organismes, estimé à plus de 260 000) ?… Et combien d’adhérents à l’association ne sont là que pour obtenir uniquement la gratuité dans les musées nationaux ?…

Si nous parlons syndicat, j’aimerais comprendre pourquoi la CGT qui n’est pas un syndicat professionnel mais un syndicat « politique » de défense des salariés, très présent au sein de la Maison des Artistes (pas l’Association mais l’organisme de recouvrement des cotisations sociales) se tait purement et simplement sur la question ?

Et pourquoi, Monsieur Aron, n’entendons-nous pas plus parler de votre propre syndicat ? Et d’ailleurs combien d’adhèrent avez-vous dans ce syndicat ?

  • « c’est dommage que les organisations syndicales et l’association la MDA n’arrivent pas à se mettre d’accord«  : ce qui est dommage, c’est que visiblement les instances gouvernementales ont reçu la plupart des acteurs qui travaillent avec les artistes auteurs et qu’à l’unisson, tous semblent être favorables à cette fusion. Le fruit de cette réflexion a permis la rédaction par l’IGAS (Institut Général des Affaires Sociales) d’un rapport de préconisations sur les éléments de la fusion. Ce qui est dommage, c’est que, M. Aron, vous voulez jouer au village Gaulois face à l’invasion Romaine… Mais en réalité il n’y a ni guerre, ni invasion… Ouvrez la porte de votre forteresse et vous découvrirez que la fusion est en marche, la fusion est actée ; beaucoup de choses ont déjà fusionnées et malgré votre acharnement, le changement est en marche.

Maintenant, je partage sincèrement avec vous cette volonté d’un régime spécial des artistes auteurs en France. Je suis, comme vous, contrarié que cette réforme traîne en longueur sans connaître véritablement à quelle sauce nous serons mangés et quand la réforme sortira.

Fort de 20 000 adhérents et fort, comme vous le dites, d’un souhait d’évolution du régime, c’est en faisant front pour une fusion, oui mais pas n’importe comment, que le gouvernement écoutera et prendra conscience que ce sont 300 000 personnes que cette réforme concerne.

Il faut un organisme futur : fort, actif, organisé (permettez-moi de rire lorsque je vous entends parler de l’informatique performante de la Maison des Artistes….), avec un organe de direction à la foi professionnel et sur le terrain, et non issu de la fonction publique ou des instances syndicales, quelles quels soient.

Ce sera ma conclusion pour cet épisode. Mais probablement pas ma dernière intervention sur le sujet… car, croyez moi… i’ll be back !

Eric-HainautEric Hainaut
Expert-Comptable

PS1

: ce matin, je suis allé lire votre article sur le site de l’Association pour la Maison des Artistes. 15 jours après la publication, il n’y a que 3 réactions… sur 20 000 adhérents !
Alors je me suis approché de mon ordinateur et j’ai entendu…. Pschiiiiiitttttt
PS2 : je ne résiste pas à l’envie de publier, le 3ème commentaire :

Vasteplaisanterie dit :

À vous lire, on croirait que la Maison des Artistes fonctionne à merveille ! Or, dans les faits, on en est loin :

– retard monstre (d’au minimum 3 mois, mais sans doute bien plus) dans la gestion des dossiers des artistes-auteurs
– absence totale de communication, impossibilité de vous joindre par téléphone (il faut dire que vos tranches d’appel sont surréalistes, « la semaine de 09h00 à 12h00 »)
– erreurs constantes dans les documents que vous transmettez (y compris les appels à cotisation, et dans le cas où on les reçoit !)
– paperasserie étourdissante déléguée aux artistes-auteurs, qui peinent déjà dans leur travail (et que vous obligez de plus à faire la police, à votre place, auprès des diffuseurs)
– perception de cotisations pourtant déjà précomptées… j’en passe et des meilleures !

Le web fourmille de témoignages désespérés d’artistes-auteurs (et dont vous feignez ignorer l’existence) qui auraient vraiment aimé pouvoir compter sur vous. La roue tourne !

Je me dispenserais de tous commentaires concernant ce post !

Agessa / Maison des Artistes : Chronique d’une fusion annoncée ! (1ère partie)
Fusion Maison des Artistes / Agessa : qui dit vrai ? (2ème partie)
Fusion Maison Des Artistes / Agessa : La Révélation (3ème partie)
Fusion Agessa / Maison des Artistes : « Reborn » (4ème partie)
Fusion Maison des Artistes / Agessa : « A new generation » – Episode 1 : Synthèse et objectifs de la mission (5ème partie)
Fusion Maison des Artistes / Agessa : « A new generation » – Episode 2 : Les 28 recommandations (6ème partie)
Fusion Maison des Artistes / Agessa : « A new generation » – Episode 3 : Analyse et Conclusion (7ème partie)

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En décembre 2020, Eric HAINAUT, associé-fondateur, a eu l’honneur de se voir reconnaitre officiellement la compétence spécialisée en activités culturelles, créatives et artistiques par l’Ordre des Experts-Comptables d’Ile-de-France.